"Kokoriako", l'album d'une voix tout droit sortie de terre.
Si Pierre Koffi Alanda dit « Péka » cultive la terre, il la choye en lui contant des histoires, celles de sa vie qu'il partage comme un véritable lien social incarné par un paysan bio franco-togolais vivant à 1200 mètres d'altitude dans les Alpes-Maritimes.
Qui est Péka ?
Pierre Koffi Alanda, dit « Péka » est un artiste français originaire du Togo. Sous ses airs de cow-boy, Péka est un paysan maraîcher biologique et chanteur vivant dans le village de La Sagne où il gère sa propre exploitation. L'histoire de Péka commence à sa naissance à Kpalimé au sein d’une famille de petits commerçants. Né avec une fente dans le palais l’empêchant lourdement de pouvoir s’exprimer, ce n’est qu’en chantant qu'il arrive à se faire comprendre. En 2003, il se fait opérer en France sans savoir que sa vie allait prendre un tout autre tournant.
Bercé depuis toujours par la variété française et africaine, Péka chante du matin jusqu’au soir oscillant entre Cabrel et King Mensah, Zazie et Angelique Kidjo, Jacques Brel et Jimi Hope, Céline Dion et Alphaville. Car Péka c’est un mélange culturel, un maillon entre la terre et l’homme, d’un pays à l’autre, toujours avec le partage en ligne de mire. C’est aussi un paysan tout aussi passionné par l’agriculture biologique que par le chant.
Lorsqu’il arrive du Togo, Pierre Koffi Alanda s’inscrit dans les chorales des villages où il habite. Mais en reprenant l’exploitation de La Sagne, l’envie de se raconter prend de l’ampleur, surtout aux côtés de l'artiste allemande Anna Cosima Jentzsch qui l’accompagne dans cette démarche.
Ensemble, ils sillonnent les salles de spectacle pour raconter son histoire. Péka chante et joue des percussions avec tout ce qu’il trouve, Cosima raconte, ce passé lourd conté comme une histoire de griot. Face au succès de ce spectacle "Les chants dans les champs" et une collecte de fonds plus tard, Péka nous propose aujourd’hui son tout premier album. Mélange d’ewe (langue officielle du Togo) et de français, l’opus est un voyage intime, un album-portrait qui, intitulé “Kokoriako” réfère au coq, celui que l’on arrêtera jamais de chanter…
"Kokoriako", le chant de la terre...
“Kokoriako” est donc le tout premier album de Péka qui a pu voir le jour grâce au financement participatif sur miimosa. Produit de manière totalement indépendante, cet album à mi-chemin entre le conte et le chant traditionnel mélange des textes en ewe et en français. Entre la kora, la kalimba, le gombo, le xylophone, les maracas, le violon et une demie-douzaine d’autres instruments, cet opus directement lié à la terre est un mélange d’influences. Album voyageur venu des quatre coins du monde, il a été imaginé dans les alpes-maritimes, inspiré du Togo et enregistré à Bruxelles.
Pour ce projet, les deux artistes multi-instrumentistes Osvaldo Hernandez Napoles (d’origine Mexcicaine) et Patricia Van Cauwenberge (d’origine Belge) ont aussi fait partie du voyage. Album du monde et défini par aucun style particulier, “Kokoriako” est à l’image de Péka, authentique, humain et généreux.
Comme aime le rappeler Péka, les 13 titres de ce projet se rejoignent dans un désordre organisé, tel un “chant” de permaculture. Peu importe l’ordre dans lequel vous l’écouterez, à vous d’organiser votre propre expérience. Car “Kokoriako” c’est avant tout un hommage à tous ceux qui ont rendu le projet possible mais aussi à la terre, aux coqs et aux poules en voie de disparition et le début d’un chant haut et fort qui n’est pas prêt de s’arrêter. Car entre deux récoltes, Péka a encore beaucoup de choses à nous dire et à partager et il semblerait bien que rien ni personne ne l’empêchera de chanter !
Christophe SOUSA